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Rencontres en voyage, histoire de cultures
La découverte de l’Autre au Groenland

par Aude Créquy — texte & photos

Partir, une quête de sens​


Partir c’est découvrir, voyager c’est rencontrer. Le voyage est une histoire personnelle. Le voyageur part à la recherche de quelque chose, d’abstrait ou de concret et chaque quête est individuelle. De fait, le voyage est égoïste, il répond à un besoin de se construire ou se déconstruire, un besoin de changement. Souvent, le voyageur part à la rencontre de lui-même d’abord et des autres ensuite. Les voyageuses et voyageurs sillonnent les routes motivés par la soif d’autre chose, l’envie d’ailleurs, d’un nouveau quotidien le temps de l’absence. La quête de sens, c'est la quête devenue presque vitale des cinq sens (Sanchez, 1992). La sensation d'enfermement dans une société aseptisée fait appel au besoin de réactivation du toucher, de l'odorat, du goût, de la vue et de l'ouïe. Et les réponses que l’on apporte à cette recherche sont à chaque fois singulières.


La quête du voyageur ressemble à une quête de l'authentique, de l’authentique soi, de l’authentique autre (Cohen, 1988). Le problème avec l’authentique, c’est qu’il est subjectif. L’authenticité n’existe que dans notre pensée de l’authentique. Une danse inuit, tambour en mains et chants en inuktitut sera authentique pour certains : l’authentique Inuk, le vrai, celui d’avant la perversion occidentale. Une rencontre avec un chasseur, fusil en mains et viseur dernier cri à l’œil sera authentique pour d’autres : l’authentique Inuk, le vrai, celui d’aujourd’hui, avec ses qualités et ses défauts, ses rêves et ses doutes. Ainsi, la quête de sens en voyage, implique toujours, d'une manière ou d'une autre, l'Autre.


Que ce soit de l’ordre du besoin ou de l’envie, le voyageur met à l’écart tous les parasites de la vie pour se concentrer sur l’essentiel. Pour certains, l’essentiel se résume à la route, les hommes et le partage. Pour d’autres il sera plutôt question de repos, de souvenirs et de soleil par exemple ou de sommets, de gastronomie locale et de musique. Chacun son essentiel. Mais il y a une chose que le voyageur ne peut mettre à l’écart : sa culture. Le voyageur emporte dans ses bagages ses façons de penser et de voir le monde, façons qui seront déconstruites parfois mais qui affirment malgré tout, une histoire, une vie. L’histoire que nous portons tous façonne le regard que l’on porte sur l’Autre. Notre éducation, nos voyages précédents, nos lectures, les images véhiculées par les médias sur l’autre nous offrent un profil de ce qu’il est, de ce que nous pensons qu’il est. La rencontre interculturelle n’est donc pas aisée puisqu’elle n’est pas neutre.


L’imaginaire polaire des voyageurs


Un voyageur partant au Groenland aura déjà des images en tête, voire des envies de ce qu’il souhaite vivre et de qui il souhaite rencontrer. L’« imaginaire touristique » (Amirou, 2012) est une notion importante dès qu’il s’agit de comprendre nos motivations à partir. L’image que nous renvoie l’Arctique est une construction vieille de plusieurs siècles. Le Grand Nord, Septentrion, l'Hyperborée, peu importe le terme par lequel sont désignées les régions polaires, ces désignations renvoient depuis la Grèce Antique à des fantasmes de paradis, de terres dont les richesses sont infinies mais qui seraient gardées par des bêtes dangereuses. Les Vikings ont su conquérir le Groenland en l’an mil mais ils n’auront pas survécu au climat polaire puis plus tard, les aventuriers et les explorateurs ont navigué sur les mers et le long des côtes du Groenland à la recherche du passage du Nord-Ouest et du Pôle Nord. Certains y ont laissé leurs vies, d’autres sont revenus en héros. Leurs histoires ont laissé des traces dans notre imaginaire. Il est d’ailleurs des territoires pour lesquels notre imaginaire a plus travaillé que notre savoir. Longtemps, l’Arctique est resté méconnu et mystérieux.


Aujourd’hui encore et peut-être plus que jamais, le Nord fascine par sa nature saisissante et menaçante. Les nouveaux visiteurs de l'Arctique dont l'imaginaire déborde d'envies et de fantasmes, ont dorénavant la possibilité de fouler les régions polaires grâce aux nouvelles technologies qui garantissent à la fois l'aventure et le confort. L'imaginaire polaire a différentes caractéristiques inhérentes à son territoire. Il est synonyme d'aventure, de bout du monde, de nature dominante. Cet imaginaire et les comportements qui y sont associés sont parfaitement illustrés par la ligne imaginaire qu'est le cercle polaire. Le 66°33'39'' de latitude Nord procure un plaisir aux voyageurs polaires qui trouve son origine dans la traversée d'une zone à une autre (Grenier, 2007). C'est ainsi que depuis une dizaine d'années, l'Arctique est passé de lieux maudits à paradis inédits (Grenier, 2008), notamment parce que les mouvements environnementaux qui parcourent la société occidentale aujourd'hui ont modifié la perception des espaces polaires. De fait, à l'aspect fascinant s'ajoute le caractère menacé de ces régions.

Le XXIe siècle a médiatisé le réchauffement climatique et a permis à l'homme de prendre conscience de son rôle dans ces modifications. Les régions arctiques, symboles de l'état naturel de notre planète, sont devenues, paradoxalement, les régions à visiter avant qu'elles ne se modifient complètement emportant avec elles tout ce qu'il y a de polaire dont son ours blanc comme emblème. Partir dans les régions polaires devient alors la dernière chance de voir les pôles couverts de glace.


Les Inuit font eux aussi partie de cet imaginaire, entourés d’une aura mystique qui ressemble parfois au mythe du « bon sauvage ». Mais l’imaginaire polaire est beaucoup tourné vers la nature, son immensité et la domination qu’elle impose aux hommes. Les voyageurs de l’Arctique, bien souvent sortis des centres urbains occidentaux, ont envie d’éprouver cette nature que personne ne semble pouvoir apprivoiser. Les icebergs et les ours polaires sont des éléments clés dans les motivations de départ, bien plus que les rencontres (Créquy, 2010). Les voyageurs rencontrent déjà les Inuit à travers les livres et les documentaires télévisuels. Paul-Emile Victor pour certains, Thalassa pour d’autres. Et quand rencontre il y a, réelle celle-ci, les protagonistes ont déjà quelques idées de l’échange qu’ils vont avoir.


L’Autre devant l’imaginaire


Du mythe à la réalité, le Grand Nord est un territoire qui intimide souvent, interroge parfois mais qui séduit, toujours. Ses terres sont lointaines et ne ressemblent en rien à celles que nous connaissons et les hommes qui y vivent nous rendent d'autant plus perplexes qu'ils paraissent (paraissaient) insouciants et gais dans un milieu qui nous semble stérile et glacial. Le Groenland est une de ses terres arctiques dont les légendes puis les rencontres avec les Inuit ont alimentées l'imaginaire des esprits européens.


D'abord désignés comme « Eskimo », les Inuit ont connu, à travers le regard de l’Européen, qu’il soit aventurier, colon ou évangéliste bien des étapes avant de devenir l’Inuk (l’Homme) dont se réclament les Inuit (les Hommes). Le premier regard a prêté aux Inuit des caractéristiques d'un animal marin puisque bien souvent, les rencontres se faisaient en mer, les Inuit pagayant à bord de leurs kayaks, se fondant dans le décor.
Puis ils sont devenus, aux yeux des aventuriers, des hommes capables de survivre là où tant d'autres ont échoué, connaissant à la perfection leur terre, ses dangers et ses remèdes. Mais ils sont longtemps restés des hommes païens, païens qu'il fallait ouvrir à la voix du « Seigneur ».


Ce n’est que bien plus tard, dégagé de tout regard ethnocentrique, que l’Inuk en tant qu’homme polaire a récupéré toutes ses lettres de noblesse. Evoluant en milieu polaire, les Inuit ont développé des techniques et des savoirs uniques qui leur ont permis de survivre durant des millénaires. Nomades, animistes, chasseurs-cueilleurs, ils vivaient de la terre et considéraient que l’homme faisait partie d’un tout, au même titre que le phoque, la pierre, la neige ou les étoiles. Humbles, ils respectaient la nature et vivaient par, pour et avec elle. Aujourd’hui, les Inuit oscillent entre leurs racines inuit et les apports occidentaux. Un mélange des cultures s’est développé et une nouvelle identité s’est construite. Les Groenlandais ont en eux cette envie d’appartenir au monde moderne tout en faisant vivre leur histoire à travers leur culture.


La culture inuit du XXIe siècle


Les Inuit du Groenland sont sédentaires, regroupés autour de petits centres urbains. Leur quotidien parait semblable au nôtre. Les enfants vont à l’école, les parents vont au travail. Cela dit, vivre en Arctique demande une adaptation et des services particuliers. Le ramassage scolaire ne se fait pas en bus mais en motoneige et le ravitaillement des supermarchés, sur la côte nord-est par exemple, se fait deux fois par an par bateau-cargo. Vivre en Arctique, c’est aussi et surtout vivre en dehors des villes. Beaucoup de Groenlandais retrouvent un nomadisme occasionnel durant l’été et les chasseurs sont en continuelle itinérance. Les chiens sont encore les amis fidèles des Groenlandais. Par centaines, ils patientent aux abords des villages, dans l’attente d’un départ à la chasse.


Un élément est encore très prégnant dans les modes de vie inuit : la chasse. La chasse est un élément identitaire très fort au Groenland car elle est chargée de codes et de pratiques culturels. Le partage de la viande, jumelé à la réincarnation du nom par exemple, sont deux pratiques qui ont permis la survie du groupe au fil des millénaires. Après la chasse, la viande était distribuée selon les liens familiaux du chasseur et chaque membre de sa famille recevait une partie précise de l’animal. Si d’autres membres de la communauté portaient le nom d’un membre décédé de la famille du chasseur, alors ils pouvaient eux-aussi prétendre à une partie de la viande chassée, faisant partie de la famille élargie du chasseur. Ces règles socio-culturelles ont été fondées et respectées pour permettre une égalité entre les individus et surtout pour permettre la survie du groupe. Aujourd’hui, il n’est plus question de survie physique du groupe mais le partage est toujours respecté par les chasseurs et cette pratique fait survivre la culture et l’identité des Inuit.


La chasse fait toujours partie intégrante de la vie quotidienne et s'intéresser à la culture inuit, c'est s'ouvrir au système de chasse, à cette activité qui anime les villes et villages au fil des saisons, en fonction des migrations animales. Pour continuer à vivre de la chasse, les chasseurs sont devenus guides durant la saison hivernale. Les voyageurs s’installent sur leurs traîneaux et parcourent leurs terres, partageant un semblant de quotidien avec les chasseurs du Groenland.


Rencontres


Le voyage met en scène deux représentants d'une culture, dans un territoire qui n'est pas neutre puisqu'il appartient à la culture visitée, dans un rapport qui n'est pas neutre non plus puisque bien souvent, l'un peut partir, parfois plusieurs fois par an quand l'autre reste chez lui et accueille les visiteurs sans jamais avoir l'espoir ni peut-être l'envie de quitter ses terres. Le regard que l'on porte sur l'Autre véhicule des idées et des préjugés à travers le monde.
Le voyageur qui rentre chez lui ne retiendra qu'une partielle vérité de ce qu'il a vu, entendu, vécu, ressenti et cette vérité biaisée sera racontée. Nous ne pouvons nous défaire de la subjectivité qui entoure notre regard et nos paroles, nous ne pouvons donc défaire la subjectivité de ce que l'on dit de l'Autre. Cela est vrai en voyage. Alors, comment permettre une rencontre qui ne soit pas teintée d’idéaux et de préjugés ?


Réfléchir sur nos façons de voyager est peut-être un point de départ pour une meilleure rencontre. Il y a autant de façons de voyager que de voyageurs, la réflexion peut donc être longue mais s’interroger c’est remettre en question ce que nous avons vu et entendu sur l’Autre, c’est aussi admettre la subjectivité de nos informations. En voyage, la question est de savoir si nous nous intéressons réellement à toutes les facettes de la culture (inuit dans le cas présent) ou si nous jugeons d'une quelconque manière les façons de faire inuit. Rien n’est anodin en voyage, tout ou presque est différent et a une explication différente. La chasse par exemple n’est pas considérée de la même façon en Occident et en Arctique. Elle n’est pas non plus suivie des mêmes rituels et ne supposent pas le même rapport à l’animal. Au Groenland, l’animal est considéré comme actif lorsque se déroule une partie de chasse. Le phoque ou l’ours a pleinement conscience de ce qui se déroule et si le chasseur gagne la partie, c’est parce que le phoque ou l’ours a bien voulu s’offrir à lui.


Il ne s’agit pas ici de tout lire et tout savoir sur la culture que l’on va rencontrer. Bien au contraire, il s’agit seulement de laisser place à l’interrogation et aux différentes possibilités de voir le monde. Franck Michel écrivait : « Dans leur désir insatiable et inassouvi de tout comprendre, tout analyser, tout rationaliser, tout savoir sur tout, les Occidentaux ont souvent "oublié" qu'on ne saisit le réel qu'à partir de l'expérimentation, lente et modeste, des autres et des ailleurs » (Michel, 2012 : 50).

 

Voyageurs et chasseurs inuit, voilà une nouvelle rencontre qui a son importance. Les fantasmes étant légion en Arctique, le visiteur ne déroge pas à la règle d'un imaginaire débordant mais l'identité imaginée par les visiteurs correspond-elle à la réalité ? Ces rencontres du XXIe siècle sont courantes et journalières et ne peuvent pas ne laisser la population visitée, son identité et sa culture indifférentes. Par les envies, l’imaginaire, les réflexions, les pratiques que nous avons à propos du voyage et des autres, nous perturbons les notions d'identité et de culture. Le voyage modifie l'appréciation que les uns ont sur les autres.


En voyageant au Groenland, nous nous rendons vite compte que la rencontre interculturelle peut devenir problématique pour la pratique de la chasse. Bien qu'il faille visiter le Groenland au printemps pour s'en rendre compte, la chasse s'est révélée être l'élément fondateur de l'identité de la population du Groenland et particulièrement du Nord-Est du Groenland. Les chasseurs professionnels sont certes de moins en moins nombreux mais beaucoup de jeunes hommes s'y intéressent encore et la population, si elle ne vit pas de la chasse, vit « pour » la chasse. Cette activité les anime et est fédératrice. Dans un contexte interculturel, la chasse est alors centrale car les réflexions qui l'entourent sont constantes, autant de la part des visiteurs que des visités. Mais le sujet est facteur de polémiques car la chasse est empreinte de subjectivité fondée sur une relation homme-animal très distincte selon si l’on est Occidental ou Inuit.


Les conséquences d’une rencontre


Les Groenlandais ont une certaine fierté de leur identité et leur culture mais tous les Groenlandais n'ont pas le désir de montrer leur culture aux visiteurs. Mes voyages et mes rencontres me permettent de dire que la population groenlandaise, de la côte est notamment, est plutôt une population réservée qui ne se désigne pas volontaire quand il s'agit de présenter un spectacle culturel mais qui accueille volontiers les visiteurs quand un spectacle ou un événement culturel a lieu chez eux, pour eux. Une population discrète ne veut pas dire qu'elle n'est pas fière de sa culture. Les Groenlandais sont fiers de leur passé, de leurs anciens modes de vie, de leur environnement naturel et de leur identité mais ils ont une fierté retenue, interne et la modestie est un trait qui les caractérise beaucoup plus justement.

Devant le regard de l’Autre, regard qui les a souvent jugé devant leurs pratiques cynégétiques, les chasseurs groenlandais ont développé une « stratégie de résistance » (Boissevain, 1996) qui consiste justement à rester discrets dans leur pratique. Les relations interculturelles qui ont jalonné l'histoire des Inuit ont créé cette stratégie de résistance. La rencontre n’est donc pas neutre et en avoir conscience permet au voyageur d’aller vers une rencontre plus sincère.


Les visiteurs qui viennent voir et vivre le Groenland sont donc face à une culture discrète, démographiquement autant que quotidiennement. La plupart d'entre eux ne seront pas gênés par cette attitude puisque ce n'est pas la rencontre la principale motivation du voyage. Cependant, s'ils ont des préjugés avant de partir, ils risquent, dans ce cas, de rentrer avec les mêmes préjugés car personne ne sera venu les contredire sur les modes de vie inuit. Il y a ceux qui, théoriquement, ont très envie qu'on leur parle de la culture inuit, du quotidien des chasseurs, de leurs vies en détails. Ils souhaitent comprendre la chasse et l'importance identitaire qui s'y rattache mais comprendre est une chose et en faire l'expérience en est une autre.

Les voyageurs qui ont le plus de contacts avec la population locale et les chasseurs en particulier comprennent l'importance de la chasse. Ils ont pleinement ou presque, connaissance des questionnements sur l'avenir des autochtones et de leur identité, Inuit et non Inuit, mais ils sont face au dilemme de la volonté de comprendre la réalité arctique et de vivre l'imaginaire touristique polaire. Ils souhaitent expérimenter les deux, cependant, parfois, l'une peut entrer en contradiction avec l'autre. L'illustration de cette problématique est l'expérience de voir un ours vivant dans son milieu naturel, régnant en quelque sorte sur son environnement, et de voir ce même ours rattrapé par la vie arctique où les hommes font aussi partie de ce tout arctique. Et puis, il y a ceux qui aimeraient découvrir sincèrement les Groenlandais et leurs vies au quotidien. Ceux-là sont face à des chasseurs, de nature modeste et peu bavarde, qui, pour des raisons de difficultés de communication et pour des raisons de prise de stratégie de résistance ne partagent que très peu à propos d'eux-mêmes, soit parce qu'ils ne savent pas comment s'y prendre, soit parce qu'ils ne souhaitent pas partager.


Nous et les autres


Dans Nous et les autres, Tzvetan Todorov écrivait : « Comment peut-on, comment doit-on se comporter à l'égard de ceux qui n'appartiennent pas à la même communauté que nous ? La première leçon apprise consiste à renoncer à fonder nos raisonnements sur une distinction comme celle-là » (Todorov, 1989 : 506). « Nous et les autres » est le propre du fondement du monde du tourisme et du voyage. Il illustre la dichotomie constante entre deux groupes, communautés, nations, ethnies. Il nous fait visiter l'ailleurs par opposition à l'ici. Il nous propose des vacances par opposition au travail. Mais si tout n'était pas qu'opposition ? « Nous et les autres » pourrait devenir un « nous ensemble », sans uniformisation, avec une interculturalité constante et enrichissante à condition que nos raisonnements et notre analyse se focalisent sur d'autres sujets ou sur une autre façon de les aborder. Tout savoir sur les Inuit, sur la chasse et le Groenland ne suffit pas si ces informations n'aident pas à supprimer l'ethnocentrisme, si elles n'aident pas à faire entendre une autre voix.

Voyager, ce n’est pas forcément devenir autre, il ne faut pas tomber ici dans la volonté de se déconstruire complètement pour apprendre sur l’Autre. Voyager, c’est découvrir l’Autre et se découvrir à travers le regard de l’Autre. Rencontrer les autres n’est pas tirer un trait sur ce que l’on est mais ce que l’on est permet ou ne permet pas de rencontrer les autres. Pour cette raison, s’interroger et s’informer sur le voyage, les cultures, les Autres, c’est déjà emprunter le chemin de la rencontre.

 

 

 

 

 

Bibliographie
 

AMIROU, Rachid, 2012, L’imaginaire touristique, 2e éd., Paris, CNRS Editions.
BOISSEVAIN, Jeremy, 1996, ed., Coping with tourists. European reactions to Mass Tourism, Vol. 1, Providence, Oxford, Berghahn Books.
COHEN, Erik, 1988, « Authenticity and commoditization in tourism », Annals of Tourism Research, Vol.15, n°3, pp. 371-386.
CREQUY, Aude, 2010, « Le tourisme polaire. De la nature à la culture : l'exemple du Groenland », L'Autre Voie, n°6, Strasbourg, Association Déroutes & Détours.
GRENIER, Alain, 2007, « Destinations de l'imaginaire et rituels : ces lignes qui font marcher ! », Le globeveilleur, édition du 7 mars.
GRENIER, Alain, 2008, « Tourisme polaire : Revalorisation des espaces maudits au nom de l'inédit », FrancVert, Vol. 5, n°1.
MICHEL, Franck, 2012, La marche du monde, Annecy, Livres du Monde.
SANCHEZ, Alain, 1992, « Qu’est-ce que le tourisme d’aventure ? », Cahier Espaces, Paris, n°29, pp 20-31.
TODOROV, Tzvetan, 1989, Nous et les autres, Paris, Seuil.

Aude Créquy est anthropologue.

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