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En lien avec cette page

- lire l'entretien avec le réalisateur Rithy Panh

- lire la notice des ouvrages de Georges Bogey

- lire la recension du livre Les impunis d'Olivier Weber par Lionel Bedin

Comprendre, croire, voir et survivre aux crimes des Khmers rouges :

les Cambodgiens face à la tragédie de l’histoire et à la farce politico-judiciaire

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Sur la route d'Anlong Veng, au nord-ouest du Cambodge, l'un des fiefs traditionnels des derniers Khmers rouges.

Tout le monde garde en mémoire – ou sinon le devrait – les massacres perpétrés au Cambodge par le régime des Khmers rouges au cours des années 1970 et même au-delà... Ce mouvement politique et militaire communiste d'inspiration maoïste a dirigé en quasi autarcie et d’une main de fer le Cambodge de 1975 à 1979. Si le passage dramatique au pouvoir a duré moins de cinq ans, le mouvement politique est apparu dès 1951 et a disparu officiellement seulement en 1999.

Des complicités diverses, internes, régionales et internationales, expliquent en bonne partie cette incroyable longévité d’un mouvement sanguinaire et, pensait-on,  "unanimement" condamné. Les louvoiements politiques de feu le roi quasi divin Sihanouk sont bien connus. N'y revenons pas. De son côté, Hun Sen, actuel et indétrônable patron du royaume du Cambodge, est lui-même issu des rangs – certes "dissidents" – des Khmers rouges première formule, celle jadis passée sous la coupe des grands frères révolutionnaires vietnamiens. Quand la tragédie ne fut pas encore, ni digne d'une guerre totale, ni totalement sanglante.

 

Cambodge

Entrée de l'ancien lycée puis centre de rétention, aujourd'hui "musée du génocide", dans le quartier sud de Phnom Penh.

Un tableau de Vann Nath, prisonnier au centre et peintre, l'un des rares survivants de S-21. Il est décédé en septembre 2011.

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Les Cambodgiens découvrent, progressivement, des pans entiers mais tabous de leur histoire commune et nationale.

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​​Revenons à l’histoire qui, si elle est terrifiante et douloureuse, ne doit en aucun cas être occultée. Ni localement, ni mondialement. Jusqu’en 1981, la direction du mouvement était constituée par le Parti communiste du Kampuchéa, le Cambodge « nouveau » ainsi rebaptisé par les Khmers rouges. Plus communément dénommé Angkar ("l’Organisation" en khmer), ce "parti des fusillés" (ailleurs) est dans ce cas (ici) d’abord celui qui fusille à tout-va et qui a beaucoup tué lors de son cruel passage aux affaires, et pas uniquement à ce moment de son histoire.

 

Car la paix revenue, la terreur demeure, effrayante et sous-jacente, empruntant d'autres formes, intérieures, psychologiques, familiales, sociales... C’est un fait avéré, leur travail de sape fut laborieux et durable, et c’est sous la coupe particulièrement opaque de "Frère n°1", alias Pol Pot, que le mouvement sort de l’ombre pour semer la terreur au grand jour. Durant 35 ans, officieusement de 1962 à 1997, Saloth Sâr, plus connu donc sous le nom de Pol Pot, dirigera plus ou moins secrètement le mouvement et les orientations des Khmers rouges. 

Sous l’appellation de "Kampuchéa démocratique", le royaume devient une dictature féroce entre 1975 et 1979, avec entre autres objectifs affichés, l’éradication de toute contestation et même de la liquidation physique des intellectuels ou supposés comme tels, la volonté de créer une société communiste sans classes, la suppression de la religion tout comme celle de l’argent, la purification ethnique (Chams) et la purge de l'influence impérialiste, capitaliste, coloniale, étrangère surtout...

Remis dans le contexte de l’époque des années 1960 et 1970, et de la guerre du Vietnam qui grondait aux portes du royaume khmer, ces propos trouvaient leurs thuriféraires, au nord comme au sud, à l’est comme à l’ouest. Mais, beaucoup sont allés trop loin, soit par leurs soutiens délirants, soit par leurs silences complices. Le peuple cambodgien fera pendant de longues années – et pas uniquement les cinq années de supplice collectif – les frais de ces arrangements avec les démons révolutionnaires dont l’exotisme gardera un goût terriblement amer.

 

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Le bilan est effroyable et le constat sans appel : au moins 1,7 million de victimes selon les estimations les plus fiables, soit plus de 20% de la population de l'époque. Certains chercheurs parlent d’auto-génocide, terme cependant impropre et inapproprié, comme le précise par exemple Rithy Panh, réalisateur franco-cambodgien et auteur de nombreux films documentaires sur son pays natal (voir notamment S-21, la machine de mort khmère rouge, 2003).

Chassés du pouvoir en janvier 1979, suite à l'invasion du Cambodge par l’armée vietnamienne, les Khmers rouges poursuivent cependant une nouvelle guérilla, rurale et frontalière, clandestine avant tout, jusqu'à leur disparition en 1999 qui surviendra peu après la mort de Pol Pot en 1998. Dès lors, l’heure des règlements de compte a sonné. Le comptage morbide aussi. D’abord celui en interne, les anciens dirigeants Khmers rouges se cachent, se traquent eux-mêmes, se renvoient les responsabilités, tout en rivalisant de conversions religieuses ou politiques, toujours stratégiques, en n’oubliant pas de s’affairer par le biais de multiples trafics, avec ou sans la complicité de la Thaïlande, voire de la Chine.

 

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Dans l'une des salles du "musée" (ici en 2010), deux portraits de Douch : "avant", lorsqu'il dirigeait S-21, et "après", assis sur le bancs des accusés lors du procès à grand spectacle qui, finalement, le condamnera à la prison à perpétuité, le 3 février 2012.

Un visiteur de ce centre devenu un nécessaire lieu de mémoire, probablement un Cambodgien dépité par le personnage et son rôle dans l'histoire du pays, n'a pu se retenir de défigurer le visage du servile fonctionnaire-tortionnaire du régime khmer rouge, et ancien directeur du lieu.

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Des visiteurs cambodgiens qui arpentent les anciennes salles de classes du lycée, transformées en anciennes pièces de torture... Aujourd'hui les habitants de Phnom Penh ou du reste du pays viennent rechercher des traces de l'un des leurs, certains déambulent sur le site en quête de compréhension, d'autres parcourent la mémoire collective en quête de rédemption, tous suivent leur chemin...

Cette toile du peintre-prisonnier Vann Nath reflète des barreaux de la geôle d'antan tout en décrivant le bourreau à sa basse oeuvre.

De la colline empoisonnée au centre de torture…

Défigurés par l’Histoire inhumaine, des lieux honnis le sont à tout jamais. S-21 est incontestablement l’un d’entre eux. Tuol Sleng (S-21) peut se traduire par "colline empoisonnée", signe de mauvais augure peut-être, mais l'ancien nom de l'établissement scolaire fut Tuol Svay Prey, ce qui signifie "colline des manguiers sauvages"… Actuellement, cet ancien lycée, transformé en centre de torture entre 1975 et 1979, est devenu un musée. Un indispensable lieu de mémoire.

Depuis une décennie, preuve d’une certaine évolution de la société cambodgienne en proie avec ses vieux démons, et comme nous voulions aussi le montrer sur les photos ici présentées, les habitants – d’abord citadins puis ceux provenant de la campagne retirée – commencent à visiter les lieux de l’enfer, pour voir de visu, pour tenter de comprendre l’incompréhensible, parfois pour essayer de retrouver un visage connu, une victime trop longtemps oubliée… Ce lieu de mémoire contient, outre les bâtiments quasi intacts de torture et d'emprisonnement, à l’atmosphère forcément pesante, de nombreux objets de torture et de riches archives.

A Phnom Penh, capitale fantôme, brusquement vidée de ses habitants, sous la coupe des Khmers rouges, S-21 était le principal "bureau de la sécurité". C’est dans cet ancien lycée, reconverti en centre de détention, près de 17000 prisonniers ont été torturés. Sauvagement et méthodiquement. Ils ont d’abord été scrupuleusement interrogés puis rationnellement exécutés entre 1975 et 1979. Les geôliers, procéduriers à l'excès comme le sont tous les agents au service d'une dictature radicale, n’ont pas oublié de les répertorier et de les photographier avant de les assassiner.

En parcourant aujourd'hui le "musée", le visiteur peut découvrir pas moins de 6147 épreuves photographiques en noir et blanc : des portraits alignés les uns derrière ou à côté des autres, à n'en plus finir... Des photos qui en rappellent d'autres, plus anciennes, d'origines allemandes ou soviétiques, et qu'on pensait, un peu naïvement sans doute, ne plus jamais revoir. Une dictature qui se veut vraiment intraitable, se doit non seulement de faire fonctionner la machine de mort mais également d’archiver tout ce qui peut l’être. La police politique est alors partout et tout le monde ou presque en est. De cet enfer officiel, où tout le monde un jour est coupable, sept seulement ont survécu. Avec des séquelles à vie.

En 2013, ils ne sont plus deux survivants, peut-être même un…, les derniers témoins de l’horreur organisée au nom des masses opprimées se font rares, et donc s’avèrent d’autant plus précieux. Lorsque Rithy Panh avait tourné son film, il y a une décennie, trois d’entre eux étaient encore en vie, dont deux étaient revenus vingt-cinq ans plus tard témoigner, lors d'une confrontation tendue mais salutaire avec leurs bourreaux. Vann Nath, le peintre qui fut l'un des protagonistes majeurs du film et l'un des deux survivants, est décédé le 5 septembre 2011.

Artiste, écrivain, mais aussi ardent défenseur des droits de l'homme, Vann Nath a été l’un des écrivains issus de 22 pays à recevoir la prestigieuse bourse Hellman/Hammett, qui honore le courage face à la persécution politique qu’il affronta sous le régime des Khmers rouges. Je l’avais brièvement rencontré à Phnom Penh en 2010, au centre Bophana (créé par Rithy Panh, un lieu dédié à l’audio-visuel et à l’histoire, pour transmettre et ne pas oublier), alors qu’il était en train de s’adresser à des jeunes étudiants cambodgiens. Du devoir de témoigner, encore et toujours.​​

 

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A Udong, le présent se recompose du passé.

A 40 kilomètres au nord-ouest de Phnom Penh, l’ancienne cité royale d’Udong est aujourd’hui une paisible bourgade, bordée de collines, de temples et de pagodes.

En 1977, les Khmers rouges avaient, comme ailleurs, dévasté quantité d’édifices religieux. Ici, en images, on voit notamment une pagode, autrefois détruite, et désormais "rénovée", il est vrai à forte dose de ciment et de béton, à l’heure où la ferveur bouddhique connaît un nouvel essor dans tout le royaume.

 

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Phnom Sampeau, près de Battambang, est une colline martyre et un important lieu de mémoire pour les Khmers.

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Située à environ 12 kilomètres au sud-ouest de Battambang, dans l’ouest du Cambodge, Phnom Sampeau est en fait une "montagne", de triste réputation depuis la période des Khmers rouges, perchée à une centaine de mètres de hauteur et surmontée du Wat Sampeau et creusée de trois cavernes. Précisément, son nom signifie "montagne du bateau", un terme qui renvoie pour les Cambodgiens à la légende de Rumsay Sok.

Plus prosaïquement, jusqu’en 1994, ce site réputé aura été le théâtre d’âpres combats entre les forces gouvernementales et les rebelles khmers rouges réfugiés dans les environs. La nuit tombée, les routes de la région n’étaient pas sûres, et ce jusqu’en 1997, c’est-à-dire lorsque les dernières troupes khmères rouges (basées à Pailin et Samlout) furent défaites ou se rendirent. Peu à peu, le site et la colline sont à nouveau fréquentés par les habitants. En arrivant sur place, à l’entrée du site, on remarquera un imposant bouddha sculpté dans la montagne, un travail titanesque entamé en 2004 et récemment achevé. Puis, en escaladant la montagne, au détour d’une piste, on tombe sur un modeste temple jadis utilisé comme centre d’interrogatoire par les Khmers rouges : une sorte de S-21 à échelle toujours aussi inhumaine mais rurale et réduite…

Ensuite, on arrive à l’endroit où se trouvent les sinistres grottes. Dans leurs profonds puits on jetait les victimes, une pratique macabre permettant, après avoir interrogés et torturés les traitres imaginaires, d’économiser de précieuses munitions. Depuis 1993, comme on peut le voir en flouté sur nos photographies, les ossements sont conservés à l’intérieur d’une des cavernes, dans de vieilles cages rouillées formant un petit ossuaire, ajoutant ainsi au lieu une touche de sordide supplémentaire.

Ce site de l’horreur passée est désormais devenu un important lieu de mémoire collective. Lieu "habité", Phnom Sampeau est un espace de recueil angoissant et de souvenir forcément douloureux. Pour les autochtones et pour les visiteurs.

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Au nord, Anlong Veng, fief déchu des derniers Khmers rouges, a tout d'une terre de désolation, une sorte de lieu hors-monde, loin de l'humanité... Pourtant, petit à petit, la vie semble et doit renaître, mais sur de nouvelles bases. Sur de tristes décombres également.

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Monument dédié à la paix, au principal croisement de la bourgade d'Anlong Veng. Le gouvernement l'a édifié, sans doute pour conjurer le mauvais sort.

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Des crimes plus récents (sexuels) s'ajoutent à d'autres plus anciens (contre l'humanité). Une époque en chasse ainsi une autre.

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Entrée officielle (et touristique) de la maison-site de Ta Mok...

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Des familles de la région pique-niquent tranquillement sur le domaine du clan de Ta Mok. A l'arrière, le camion "Radio Pol Pot", d'où portait et partait autrefois la "bonne" parole révolutionnaire des Khmers rouges. Maintenant, le poste intègre le patrimoine.

Située à l’extrême nord du Cambodge, à deux pas de la frontière thaïlandaise, la commune d’Anlong Veng est de nos jours connue pour deux faits historiques notoires : le dernier bastion de la résistance khmer rouge à tomber dans les mains des forces gouvernementales en 1998 et le lieu où succombera Pol Pot la même année et où désormais il repose sans gloire et sans paix véritable…

Ta Mok, véritable satrape de la région jusqu’à son dernier souffle, avait fait d’Anlong Veng, à partir des années 1980, la "capitale" des Khmers rouges en fuite depuis l’invasion vietnamienne. Avant cela, Ta Mok, ou Ung Chœun (parmi d’autres pseudonymes), fut l’un des dirigeants khmers rouges ("Frère n°6" selon la hiérarchie de l’Angkar) parmi les plus sanguinaires et aussi les plus mystérieux. Les massacres furent légion dans cette zone jusque vers la fin des années 1990, des charniers (dont la responsabilité incombe directement à Ta Mok et à ses troupes) ont ainsi été localisés à 6 kilomètres du bourg, dans lesquels autour de 3000 personnes ont été tuées entre 1993 et 1997. L’impunité des chefs a permis de perpétuer leurs crimes jusqu’à récemment, dans une indifférence quasi générale…

Finalement, une fois nettoyée la dernière zone de terreur à l’aube du nouveau millénaire, le Premier ministre Hun Sen a promu le site d’Anlong Veng comme un lieu officiel dédié à la mémoire des victimes et au développement touristique. Cette "valorisation patrimoniale" du lieu de mémoire devait être effective pour l’opération "Visit Cambodia 2003". Anlong Veng deviendrait donc une halte originale – un casino est déjà opérationnel ! – entre deux visites des superbes sites archéologiques de la région (Angkor et Preah Vihear). Aujourd’hui, les habitants d’Anlong Veng comptent donc sérieusement tourner la page sombre de leur histoire et attirer des touristes. Pourtant, ce qu’ils proposent avant tout, c’est justement tout ce qui reste de l’héritage des Khmers rouges, de la tombe sordide de Pol Pot à la maison de Ta Mok. On ne se débarrasse pas de l’Histoire en faisant table rase du passé et en misant tout sur le tourisme du jeu…

Du coup, les autorités locales considèrent qu’en passant par Anlong Veng, les visiteurs auront l’occasion de mieux comprendre la réalité du régime khmer rouge. Le tourisme est aussi l’occasion d’une reconversion à moindres frais et pour de belles recettes : ainsi, monsieur San Roeung, un ancien soldat qui aida à construire les trop fameuses cages en métal de la maison de Ta Mok (voir la photo en fin de page), un lieu morbide où moururent des milliers de prisonniers, se charge dorénavant de la visite touristique. Du tourisme politique. Politiquement correct?

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Si la culture a été anéantie sous le régime khmer, le site-symbole d'Angkor Vat a été le seul épargné... La demeure de Ta Mok comprend plusieurs fresques murales avec des représentations d'Angkor.

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Des villageois et/ou des membres de la famille de Ta Mok continuent, quotidiennement, à faire des offrandes aux abords et dans la maison de Ta Mok. La croyance aux revenants reste localement très forte... Et mieux vaut prévenir.

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​Depuis une décennie, un procès n’en finit plus de condamner de vieux dirigeants grabataires, dont le nombre se réduit à peau de chagrin. Lancé en 2003, suite à l’adoption d’une résolution aux Nations Unies, ce procès qui devait être exemplaire aura surtout coûté beaucoup d’argent, sans même parler de celui de la corruption endémique dans le royaume… Inculpé une première fois de génocide dès le mois de septembre 1999, Ta Mok, alias "le boucher", aurait ensuite dû être le premier dignitaire khmer rouge à comparaître en justice (son procès était prévu en 2007), mais il meurt, malheureusement pour l'Histoire, en juillet 2006 sans avoir été jugé.

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C’est Kang Kek Ieu (ou Kaing Guek Eav), alias Douch, directeur du camp de torture S-21, qui prendra en quelque sorte sa place et sera, à ce jour, le premier et le seul responsable jugé. Après un long et laborieux parcours judiciaire, il sera condamné à la prison à perpétuité, le 3 février 2012. Donc, si Douch a été projeté sur la scène médiatique du tribunal, et accessoirement payé pour ses fautes et en partie pour celles des autres, nombre de dirigeants et d'anciens responsables khmers rouges sont passés à travers les mailles des filets de la justice. Pol Pot est mort lamentablement dès 1998, Ta Mok assez tranquillement en 2006, et beaucoup d’autres criminels entre ces dates, et bien après. Dernier macchabée notable en date : Ieng Sary. Il fut vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kampuchéa démocratique de 1976 à 1979 ; présente au procès, il échappe à son tour à la justice des hommes en mourant en mars 2013.

Au printemps 2013, trois condamnés demeurent dans le box des accusés. Mais le coûteux sinon controversé procès relève, pour beaucoup d’analystes et d'observateurs, d’une triste mascarade orchestrée par les plus hautes instances nationales sur fond d’impuissance manifeste d’une justice internationale, qui n’est certes pas placée aux ordres mais hélas laissée sans voix.​
 

Franck Michel
Texte et photos

Mai 2013

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Au-delà des démons, des fantômes et du mal qui rôdent peut-être dans les marécages lugubres situés derrière la maison de Ta Mok, la vie continue pour les habitants de cette région reculée tout comme pour les Cambodgiens de partout. Demain est un autre jour...

​​Quelques livres récents autour de ce thème :


- Georges Bogey et Méas Pech-Métrals, Cambodge et Khmers Rouges. Une tragédie oubliée, Cervens, Ed. de l'Astronome, 2008.
- Patrick Deville, Kampuchéa, Paris, Seuil, 2011.

- Vann Nath, Dans l’enfer de Tuol Sleng. L’inquisition khmère rouge en mots et en tableaux, traduction de Pascale Haas, Paris, Calmann-Lévy, 2008.

- Rithy Panh (avec Christophe Bataille), L'élimination, Paris, Grasset, 2012.
- Olivier Weber, Les impunis, Paris, Robert Laffont, 2013.

 

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