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Velibor Čolić Sarajevo omnibus

rencontre

Dans son roman Sarajevo omnibus, paru en 2012 aux éditions Gallimard, Velibor Čolić, colporteur d’histoires, s'arrête sur le passé tourmenté de « sa » ville de Sarajevo.


Velibor Čolić aime arpenter les trouées de l'Histoire, se glisser entre les interstices des données factuelles. Il dit que c'est là que se niche l'écriture, dans les creux ignorés des biographes.


« Une seule évidence :

la mémoire est aussi Histoire,

sauf qu'on ne la vérifie pas. »

Lui qui, dans Perdido, a su réinventer la vie du jazzman Ben Webster, et celle de Modigliani dans La Vie fantasmagoriquement brève d'Amedeo Modigliani, a décidé de remonter le cours de l'histoire d'une ville-monde qu'il a bien connue.


Après Jésus et Tito, récit autobiographique de son enfance, il déploie Sarajevo omnibus, un portrait de Sarajevo à travers différents personnages historiques ou lieux emblématiques, qui ont tous un rapport avec la tragédie inaugurale du vingtième siècle : l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand le 28 juin 1914. Tous les personnages ont assisté à la mort de l'archiduc.


« Il s'agit d'une une œuvre de fiction

avec des personnages historiques.

Ce n'est donc pas une interprétation historique,

encore moins une analyse scientifique,

juste un roman, imaginé et conçu

comme un omnibus cinématographique,

comme cinq chapitres d'une même histoire. »

Construit sur de multiples portraits, de courtes séquences poétiques, Sarajevo omnibus est une oeuvre éclatée dont le seul gage de linéarité demeure dans l'histoire de la ville.


Une des réussites du roman réside dans le souffle d'une écriture qui tente de faire parler un passé pétrifié. Il y a, dans la langue de l'écrivain, une précision dans le verbe, une aptitude à saisir le mouvement des êtres, à les dessiner dans l'espace. Il fait de la page une toile en mouvement et de ses personnages des êtres de chair et de sang. Un réalisme magnifié, transcendé par une écriture poétique simple où l'humour affleure sans cesse.


Né en Bosnie, émigré en France dont il a pris la langue pour écrire, Velibor Čolić a vécu une dizaine d’années à Strasbourg, durant laquelle il a notamment collaboré aux chroniques musicales du quotidien régional. Il habite aujourd'hui à Douarnenez.

Sarajevo omnibus est son troisième livre écrit directement en français.

« J'ai loué une langue, le français.
Ce n'est pas la mienne,
je n'en suis pas le propriétaire,
mais c'est comme dans une maison qu'on loue :
on finit par s'y sentir à l'aise. »


Si les empires doivent mourir un jour, il restera toujours, dans les Balkans, quelqu'un pour raconter l'histoire des sages, des bandits, des princes et des fous. Et celui qui aujourd'hui sait transmettre les récits et les légendes des montagnes de Bosnie, c'est Velibor Colic.

Joël Isselé

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