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Histoire(s) des voyages | novembre 2015 

Une chronique mensuelle de Franck Michel

Voyages d'affaires, sites à faire
et sex in the city

 

« Les affaires sont des échanges... on échange de l'argent... de la terre... des titres... des mandats électoraux... de l'intelligence... de la situation sociale... des places... de l'amour... du génie...
ce qu'on a contre ce qu'on n'a pas.
 »

 

Octave Mirbeau
Les affaires sont les affaires, 1903

La bibine Kronenbourg et le plaisir typique à la française…  Pas d’embrouilles, vous êtes bien à Singapour (photo de 2012)

Le marketing est à la fête et l’interculturel en est son carburant pour vendre plus de produits et surtout plus de rêve et de vent. Logique du business, avec perte et profits, comme il se doit. Et comme pour le cas des affaires, le voyage aussi est – même si les marchandises circulent plus facilement que les êtres humains – une histoire d’échanges, inscrits, il est vrai au cœur de la mobilité qui caractérise notre époque contemporaine.

 

L’écrivain Octave Mirbeau visait juste, lui qui jadis critiquait l’ordre des affaires et plus encore celui des affairistes véreux (1903), tout en se jetant un peu plus tard sur les routes d’Europe pour réaliser l’un des premiers « voyages en automobile » digne de ce nom – lire son formidable récit, titré La 628E8 (1907) – et témoigner de cette formidable aventure mécanique à travers l'Europe du Nord à la veille de la première boucherie mondiale.

 

D’ailleurs, dès les années 1920, les grandes marques automobiles avaient besoin d’explorateurs avertis pour parcourir le monde – voir les deux fameuses « croisières », noires et jaune – et tester leurs prototypes pour mieux les vendre par la suite et bien sûr battre la concurrence. Occuper ainsi le terrain économique pour mieux contrôler le vaste, mais fragile empire colonial alors à son apogée. Mais le tourisme d’affaires tel que nous le connaissons n’était pas encore né. Il se mit pourtant déjà en bon chemin, la révolution industrielle puis celle des transports avaient montré la voie. Celle dans laquelle tout le monde, et bientôt le vaste monde, rêve de s'engouffrer à corps perdu. 

 

Ces deux révolutions précèdent en effet le monde « connecté » des technologies et des services, avec ses biens et ses marchandises, ses nouveaux marchands qui depuis belle lurette ont délaissé la marche pour emprunter des voies aériennes – puis numériques – comme d’autres prennent des lignes de bus ou empruntent des couloirs de métro. Le travail change au fil du XXe siècle, notamment avec l’avènement des loisirs organisés, et le voyage croît de cette forte mutation. Le tourisme, quant à lui, devient peu à peu l'annexe inséparable du travail officiel, autrement dit de l'emploi.

 

 

De l’argent, entre labeur et loisir

 

 

Le voyage d’affaires, combinant travail et loisir, a le vent en poupe à notre présente ère des mobilités. Il représente autour de 20% de l’ensemble du secteur touristique mondial, ce qui est considérable. Mais voyager tout en faisant du business, n’est-ce pas s’engager dans une mission impossible ? L'agent 007 nous démontre qu'impossible n'est pas british, et s'il vadrouille sur terre pour sauver le monde, il n'oublie pas pour autant de célébrer l'économie capitaliste.

 

Mais tout voyageur affairé n'est pas un agent secret. Sa quête lors de son déplacement professionnel – qui relève de la respiration et du pas de côté où l'on tombe sa chemise sans forcément se la faire déchirer ! – est plus modeste et, en général, plus récréative. On peut certes voyager, après les affaires, mais il est difficile d’aller « plus loin » que visiter l’incontournable musée, le site le plus connu, déambuler au bord d’un fleuve célèbre ou dans les rayons de la boutique de mode ou de souvenirs la plus proche…

 

Nul doute qu’entre le voyage et les affaires, l’un des deux domaines l’emportera. Entre les deux, il s’agit d’un mariage arrangé, la rupture n’est jamais très loin. Le risque est de constater que celle ou celui qui aura bien profité de son voyage revienne bredouille de sa mission de travail, et inversement, que celle ou celui qui aura bien réussi son opération de business n’ait pas eu l’occasion de voyager un tant soit peu correctement.

 

C’est l’un ou l’autre… et pourtant tout le monde veut faire sinon s'offrir les deux « activités ». Hélas le faire s’est substitué au vivre. Et pas sûr qu’il soit plus aisé de vivre un voyage que de faire des affaires ! Quant aux cadeaux en tout genre – cela va du joli collier de fleurs au fameux lit garni... –, ils sont légion. Pour s'assurer des bonnes affaires, on ne badine pas sur les petits arrangements et les gros cadeaux. Offrir, c'est miser... Jouer, c'est déjà gagner.

 

Trop souvent, ce touriste affairé est pressé, voire oppressé par le temps, son séjour est raccourci comme le sont les expressions consacrées (MICE, VRP, VIP, etc.), on lui a appris qu’être efficace c’est aller vite, alors il abrège tout, à commencer la durée du voyage pour n’en conserver que son parfum de prestige, à grand renfort de fard, à défaut de grandeur, d’esprit et d’âme. La nécessaire immersion dans l’espace-temps de l’autre et de l’ailleurs est illico presto remplacée par l’illusion du sacro-saint mot de « rentabilité », terme ravageur s’il en est, qui se matérialise, souvent le soir épuisé par une journée de réunions ou de labeur, au bar d’un restaurant guindé ou au bord d’une piscine d’un hôtel classé, par un consumérisme ostentatoire souvent complété d’un exotisme de pacotille… La sur-organisation des voyages et la course au confort et au luxe ne sont pas de grands atouts pour tendre davantage vers les habitants du pays qu’on découvre, pardon qu’on traverse, qu’on effleure, qu’on entrevoit.

 

La curiosité, l’imprévu, la lenteur, l’échange et le partage ne sont guère des priorités lors des voyages « express ». Pourtant, combien de contrats auraient sans doute pu être signés si l’on avait concédé un peu plus d’égard et de temps à la culture de l’autre, à son humanité, à sa présence même ? Certes, des trips « incentives », et souvent intensifs aussi, jouent de cette tendance, mais ne suffisent pas à ralentir la cadence des congrès, conventions, conférences et autres secteurs du « business travel », univers où la langue anglaise – langue économique pour tous et novlangue du management – est reine, et même absconne (ah ça ne se dit pas, dommage, le bon terme étant absconse, à défaut ce n'est pas mal non plus !)...

 

Le voyage est une école de la vie, une ouverture au monde, un apprentissage de la diversité. Indiscutablement des vertus dans l’univers impitoyable du monde des affaires d’aujourd’hui. Le voyage, d’affaires ou non, est ce moment privilégié qui devrait unir les êtres humains pour les pousser à mieux se connaître, à s’entendre et à coopérer ensemble, au-delà des différences sociales, économiques, politiques, linguistiques, religieuses, etc.

 

À l’étranger, malheureusement, parce qu’il met en scène les inégalités et la misère du monde, le voyage est parfois une mauvaise affaire. Il revient finalement à chaque touriste-individu de voyager du mieux qu’il le peut et de s’interroger du bien-fondé de sa présence sur place et au monde. Y compris dans le monde des affaires. Pour le rendre meilleur, avec ou sans bonnes affaires à la clé. Ou à la con.

 

Je poursuis ici comme j’ai commencé, avec la prose d’Octave Mirbeau qui, toujours dans Les affaires sont les affaires (1903), écrivait : « Quand il y a quelque part un homme trop riche, il y a, par cela même, autour de lui, des gens trop pauvres ». Là réside aussi l’une des racines du problème. Des affaires en particulier comme du voyage en général.

 

 

Une fenêtre ouverte sur le monde

 

 

S’affairer en bourlinguant c’est ouvrir sa petite fenêtre sur le vaste monde. Tout vol est au bout d’un simple clic. Fenêtre ou clôture, allez savoir, toujours est-il qu’à l’heure des gros manipulateurs un certain Gates a complètement détrôné un vieux Proudhon, avec son ringard « la propriété c’est le vol »… Cela dit, un richissime chef d’entreprise ne brille pas forcément autant par l’écrit que par la fortune. J’en donne ici la preuve, alors même que je tapote sur un clavier d’une machine supervisée par « Windows ».

 

C’est tuant de voir comment l’informatique et la politique avancent de concert, main dans la main, souris contre souris. C’est deux fois Kill Bill, sauf que la phrase qui suit n’est pas de Clinton, mais de Gates, on aurait en effet pu confondre. Pour information, les deux Bill en question ne sont toujours pas morts. Le petit écran avec sa fenêtre ouverte sur le monde conserve et rallonge la vie plus longtemps que la fiction d’un Tarantino – même avec une Uma Thurman en sacrée déglingueuse – projetée sur grand écran. Mais revenons à la citation du père du petit écran devenu grand : « Le sexe c’est bon, mais quand on pense qu’on pisse avec c’est autre chose ! ». Bon, un génie de l’informatique ne fait pas de vous un as des mots. La littérature mondiale ne retiendra sans doute pas cet effort de pensée, mais les moteurs de recherche à la solde de l’empire de l’impétrant si.

 

Si nombre de capitalistes seraient prêts à vendre leur propre mère pour faire fructifier leurs affaires, tous les patrons en goguette ne sont pas planqués sur des yachts, sillonnant la grande mer et fréquentant les paradis fiscaux, et certains sont plus en rade et même plus terre à terre. Les hordes hautement affairées qui arpentent les bas-fonds des villes, en quête de lupanars pour leur faire oublier tous les contrats ratés de la vie ou de la journée, font de la peine : avec leurs chemises blanches immaculées, soudainement toutes auréolées d’une moiteur que trahit naturellement tout paradis tropical digne de ce nom, ce n’est pas vraiment le travail gagné à la sueur de leur front qui va légitimer les assauts sexuels de ces membres plutôt flasques de la bonne société bourgeoise en mal d’émotion, d’émoi et de Moi.

 

Faire des affaires ne suffit pas, encore faut-il trôner, contrôler, dominer, bref exister ou plutôt transpirer le sentiment d’existence… C’est réussi, les businessmen transpirent, c’est d’ailleurs souvent ce qu’ils font le mieux. Il faut chaud sous les tropiques. Non seulement c’est bon pour les toxines, les pores et le corps – qui lui travaille dur –, mais en outre cela donne carrément bonne conscience à nos cravatés endimanchés du bout du monde qui ont – l’habit faisant le moine – la ferme illusion d’être des bosseurs sinon nés du moins acharnés. Ainsi rassurés, ces modernes pingouins ne sont pas dupes, et ils ne savent que trop bien donner corps au célèbre adage – « après l’effort vient le réconfort » – qui sert autant les bidasses en permission que les hommes d’affaires à l’heure attendue de l’happy hour, sans oublier l’éternel agent 007 (encore lui !) toujours bien sapé et bien accompagné après avoir sauvé la planète.

 

Complet veston et beauté fatale forment le parfait cocktail. Le scénario est bien rôdé. Tout d’un coup, on dénoue la cravate et on tombe la chemise selon un rituel déjà ancestral – revoir les fabuleux films de Capra – et si l’habit ne fait plus le moine, c’est désormais la bite qui se fait la nonne. Enfin, elle essaie. Car l’escort-girl déguisée en nonne – certains ont les fantasmes de leur époque rongée par le dieu-argent – possède son tarif. On ne quitte pas le soir venu le monde des affaires. On y reste voire on y entre. Le patron en voyage n’est pas un fonctionnaire, son travail ne s’arrête pas à 17h ; il poursuit son œuvre de prédation capitaliste même si c’est lui qui paie à partir d’un certain moment. Dans l’attente d’un retour sur investissement. Mais, il faut bien l'avouer, souvent ce n’est qu’une illusion de plus : soit il négocie un gros contrat entouré de belles poupées russes mises à son service par son partenaire, soit le gogo-bar où il reçoit lui appartient et les serveuses chinoises sont ses employées toutes dévouées.

 

Alors, entre voyages d’affaires, sites à faire et bons plans culs et autres trips en l’air, le business travel est-il vraiment une belle affaire ?

 

- Oui, si vous démissionnez de votre vie et envisagez de consacrer votre survie aux fluctuations du Marché, si vous décidez d’empocher toujours plus de pognon plutôt que de vous faire des amis, si vous pensez que la vie ne vaut d’être vécue qu’en gagnant plus et en dépensant plus, soit en trimant plus, soit en exploitant plus. Bref, votre valeur ajoutée à vous, votre plus-value qui vous tient plus au portefeuille qu’à cœur, c’est le mot « plus ». Alors nos concitoyens se vautrent allègrement dans la consommation à outrance pour mieux oublier leur misère grandissante… C'est la posture de l'autruche.

 

- Non, si vous vivez pleinement votre vie. Rien à ajouter. Sinon qu’avec « moins » on vit mieux. Mais comme, à force de com’, de pub et de mensonges officiels, on ne cesse d’enfumer depuis belle lurette la plupart de nos contemporains, les illusions dépassent le réel. Au bout d’un compte plus bancal que bancaire, rien à faire finalement du monde malsain des affaires ! La fiction peut aussi s’avérer plus parlante à cet égard : revoyez donc Le loup de Wall Street de Martin Scorsese ou, pour rester en France, Le Capital de Costa-Gavras, histoire de nous replonger quelque peu dans l’univers magique, flambeur et cruellement formidable de la finance internationale. C'est la posture du chat qui fait ce qui lui plaît.

 

Au final, la bonne affaire, c’est de ne pas trop en faire… des affaires, et aussi de ne pas s’en faire. D’arrêter de vivre pour demain et après-demain alors que beaucoup de gens ne survivent que difficilement maintenant et au quotidien. Remettre à demain ce qui peut être fait aujourd’hui est une erreur. Vivre au jour le jour pour mieux jouir de la vie. Mais pour arriver à vivre ainsi il faut commencer par ne plus avoir peur. De l’argent, du patron, du voisin, de l’étranger, de soi-même… Une autre paire de manches à relever !

 

 

Commerce oblige, le sexe s’invite dans les affaires !

 

 

Faire des affaires prend du temps et de l’énergie. Mais de l’énergie, les hommes d’affaires en gardent pour passer du bon temps. Tout est une question d’équilibre. Les massages – et les salons qui vont avec – permettent de remettre les choses – à défaut des idées – à leur place. Avant de passer en chambre, le plaisir peut aussi se prolonger du restaurant vers la piscine, ou du salon vers la plage. Sans oublier les massages pas sages du tout. Et puis, plus ou moins échaudé, le businessman est en voyage, il peut donc aussi s’évader, prendre la fuite le week-end, découvrir le patrimoine culturel, naturel, humain… et sexuel. Il a beaucoup travaillé, il pense parfois qu’à juste titre il mérite une récompense. Evidemment, la récompense, elle (ou lui) n’a rien demandé et n’est pour rien dans cette histoire de labeur.

 

L’affairé, un brin épuisé par un environnement culturel qu’il considère souvent hostile (ah.. la langue et les coutumes des sauvages !), et frustré, surtout sous la ceinture, veut simplement l’argent du beurre. Mirbeau le disait bien : « les affaires sont les affaires ». Et si on veut bien rigoler, en bonne compagnie, on n’est pas là pour rigoler, en principe ! Il ne faut pas tout confondre.

 

Des hommes d’affaires et/ou des expatriés occidentaux s’organisent comme ils peuvent pour partager leur séjour avec une beauté locale louée un temps donné. Indemnisés par leur société sous forme de forfait journalier, ils choisissent un hôtel bon marché et prennent une fille avec elle, le tout finalement aux frais de l’entreprise qui évidemment, sauf exception et organisation stratégique, ne sait rien de tout cela. Ou fait semblant de ne rien savoir.

 

Il faut signaler ici que les Occidentaux, les touristes sexuels notamment, prennent plus de risques que par exemple leurs homologues asiatiques, nettement plus habitués au contexte et mieux préparés également. En gros, pour les Asiatiques, qui circulent aux bons frais de leur entreprise, le tourisme d’affaires est d’abord une affaire sexuelle. Bien rôdée. Et, l’histoire étant passée par là, les Japonais se montrent, sans réelle surprise, les plus organisés et expérimentés sur ce plan.

 

Au Vietnam ou au Cambodge par exemple, des hommes d’affaires – japonais et de plus en plus coréens et chinois – vont, de leur propre initiative, faire le pied de grue à la sortie d’une grande usine textile où travaillent des centaines de filles, ou encore s’attabler à un café à l’heure de la pause à proximité d’une entreprise voire d’une université ou d’une école, attendant de faire connaissance avec une ou plusieurs filles. Un businessman de cette trempe proposera ensuite à l’une d’entre elles d’être son « parrain » et de l’aider dans ses études ou à l’aider à changer de travail, etc.

 

Dans ces zones désolées, beaucoup de filles n’aspirent parfois qu’à cela, changer de vie et espérer un jour également profiter d’un mode de vie qui leur a toujours été interdit car impossible à atteindre… Ce Japonais (ou Chinois/Coréen/Thaïlandais/Malaisien, etc.) en quête de jeune fille, qui sera facilement dépendante et donc soumise, va alors lui proposer de prendre en charge la location de son appartement à l’année ou, si elle vit encore avec sa famille, lui verser un pécule mensuel en demandant en échange à la protégée d’être disponible pour lui lors de ses déplacements sur place. C’est toujours donnant-donnant. Cette situation est une porte de sortie financière en même temps qu’un attachement et une nouvelle dépendance pour la fille. Ainsi se créent d’infâmes dettes. Asservissement, dépendance, endettement, acculturation, bref la spirale infernale. Sur fond d’idylles factices ou de sexe sordide, deux univers se frottent, mais ne se rencontrent pas, le tout sur le dos des mauvaises affaires d’un monde qui marche sur la tête. Des exceptions existent, de véritables et durables romances surviennent, rarement, mais sûrement.

 

Les voyageurs d’affaires ne sont pas des touristes sexuels, mais peuvent le devenir. Ils ne sont pas des sextourists intentionnels, mais opportunistes. Les tentations sont grandes et fréquentes, le monde des affaires les encourageant grandement. De la même façon, les touristes classiques et les voyageurs d’affaires entendent quelquefois profiter des opportunités offertes par l’industrie du sexe, mais ils ne sont pas venus exprès pour cela dans le pays. L’anonymat accroît également l’excitation et la prise de risque. Dans cette catégorie de touristes sexuels occasionnels, on trouve aussi de plus en plus de touristes individuels, routards et autres (pour aller plus loin dans ce registre, jeter un oeil sur Voyage au bout du sexe, paru en 2006).

 

Dans les quartiers chauds de Bangkok, ces clientèles très différentes sur le papier se croisent dans les bordels et les bars à filles. Voyageurs invisibles, ils sont partout et nulle part, bien plus discrets et difficiles à repérer que les touristes sexuels proprement dits, plus facilement repérables et identifiables ! Autre réalité de l’économie actuelle dans laquelle déambulent parfois des hommes d’affaires : le travail sexuel au noir. En effet, à la faveur, si l’on ose dire, de la précarité qui tend à se généraliser, le « travail au noir » lui aussi s’étend. Le « tourisme au noir » n’échappe pas à cette vague plutôt que vogue. Cette forme de tourisme consiste, par exemple, à s’échapper lors d’une visite organisée pour le touriste encarté, à faire une escapade lors d’un colloque à l’étranger pour l’universitaire en voyage, ou à partir un long week-end à la plage lors d’un voyage d’affaires. Le « tourisme au noir » est la pratique d’un tourisme clandestin, un tourisme qui ne dit pas son nom, car il ne s’affiche pas comme tel. Parfois, peut-être portée par son aspect obscur, cette forme de tourisme débouche sur des pratiques peu avouables : jeux, boissons, boîtes de nuit, et bien sûr tourisme sexuel. Sans oublier les voyages d’affaires sexuelles. Le sexbusiness a le vent en poupe...

 

 

De Bangkok à Marrakech, il n'y a que le décor qui change...

 

 

Quittons un instant le Sud-est asiatique pour le Maghreb. En septembre 2015, la sortie du film Much Loved, du cinéaste franco-marocain Nabil Ayouch, fait scandale alors qu’il ne dévoile que ce que tout le monde – ou presque – sait déjà. Pourtant, au Maroc, sous la coupe de celui qui reste « notre ami le roi » (clin d'oeil au livre pionnier de Gilles Perrault) dans la tempête qui souffle sur toute l’Afrique du Nord (Sahel compris), le film est interdit, considéré officiellement comme un « outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine, et une atteinte flagrante à l’image du Maroc ». Conservateurs et islamistes de tout poil s’hérissent contre ce film qu’ils jugent hérétique et se déchaînent sur les réseaux sociaux.

 

Début septembre, lors d’une avant-première dans un cinéma de Strasbourg, et en présence de la principale actrice du film Loubna Abidar, la projection à peine achevée la première question qui fuse est une insulte criée en arabe à l’endroit de l’actrice, fabuleuse à l’écran, et qui ne se laisse pas démonter par le barbu islamiste visiblement contrarié qui s’adresse violemment à elle. Ambiance garantie, nervosité latente, puis le réac traditionnaliste et lamentable se fait la malle.

 

Même si le film ne dévoile aucun scoop, il affiche clairement et avec brio ce qui devait rester tabou : les sombres affaires sexuelles, la prostitution bien rôdée, le tourisme sexuel si rentable pour le royaume, et envers et contre tout la dignité des femmes locales. Le film décrit également les liens tenus entre le sexe tarifé et les hommes d’affaires, y compris les plus véreux d’entre eux, ceux directement alliés aux pouvoirs en place, du Maroc jusqu’en Arabie saoudite, en passant par les businessmen arrogants de la Françafrique qui se prennent pour des pachas d’un autre âge. C’est aussi de l’histoire ancienne et coloniale qui ressurgit dans l’inconscient collectif des touristes affairés, à l’aune du sexe réinventé et des images d’Epinal ressuscitées, avec ses portraits d’orientales dévêtues et lascives, disponibles et possibles.

 

Déjà, en 1992, lors de la sortie du film tunisien Bezness, au titre explicite, réalisé par Nouri Bouzid, l’angle de la prostitution à des fins touristiques était clairement évoqué, et le sale « bezness » – lucide contraction/rapprochement de business et de sexe – vertement dénoncé. À l’époque, l’histoire se résumait ainsi : un reporter photographe part en Tunisie pour réaliser un documentaire sur ceux qu’on appelle « les bezness », des jeunes gigolos locaux qui vendent leurs corps pour mieux vivre de leurs charmes. Comme dans le film Much Loved, mais dans un autre registre (celui de l’univers des gigolos), on retrouve là aussi l’opposition entre tradition et modernité, entre liberté et dépendance, le tout servi sur fond d’affaires sexuelles et de décor tropicalo-balnéaire.

 

Vingt-trois ans plus tard, en montrant sur grand écran le quotidien de quatre prostituées – vivantes, joyeuses ou dégoûtées, toujours déterminées – à Marrakech, Much Loved brise une loi du silence et envoie en même temps un message d’espoir : il faut cesser de se mentir, d'arrêter l’hypocrisie rampante, et de commencer par dire et montrer la réalité de la société marocaine. Ce film, fruit du travail de l’équipe de tournage de Nabil Ayouch, avec en ligne de mire les quatre formidables actrices, symboles d’une forme d’émancipation féminine impossible à décrire dans un royaume chérifien très rigide, est la meilleure preuve que rien n’est figé pour toujours, et que des voix partout s’élèvent pour changer la donne. Contre l’impunité et la prédation des puissants, c’est indéniablement un film à défendre, et surtout à voir pour comprendre et agir.
Repassons maintenant de Marrakech ou Tunis... à Singapour.

 

 

Sexbusiness et bonnes affaires à Singapour !

 

 

Singapour est une vitrine capitaliste du Sud-Est asiatique. Avec le vent carrément en poupe alors que tous ses voisins directs s’essoufflent de par leur grandeur et leurs affaires mal gérées. Dès l’arrivée dans ce micro Etat le ton est donné. Ici, tout fonctionne, tout semble parfait, bienvenu dans le meilleur des mondes. Aldous Huxley et George Orwell ont, sans le savoir à leur époque, trouvé ici leur modèle. Le pire, et bien c’est que ça marche à merveille, cette belle usine à rêves, à consommer et à re-consommer, à modeler des patriotes et des exécutants de la grande Machine. Et machination. À Singapour, on ne pense pas, on dépense. Le lieu idéal pour s’affairer donc, sans scrupules, sans frein et sans honte.

 

L’aéroport de Changi – l’un des plus grands du monde et des plus achalandés en boutiques – est à lui-seul une ville dans la ville. On y vit et y fait ses emplettes comme au cœur de la cité. Un Singapour en miniature pour satisfaire les acheteurs pressés et les actifs compulsifs. Ce qui n’empêche pas les autorités singapouriennes, très efficaces quand il s’agit de gagner plus d’argent, de proposer judicieusement aux passagers en transit quelques heures une visite guidée gratuite de la « Cité du Lion », transformée au fil des décennies passées par feu Lee Kuan Yew en véritable « tigre asiatique ». Certes l’enclave singapourienne ne tient pas la comparaison avec l’immense continent chinois, et on aura compris aussi que LKY n’est pas MAO, car dans ce cas précis il s’agit d’un tigre de papier… confectionné à partir de billets de banque et qui a réussi à faire son nid dans le top ten des success-stories de la mondialisation ultralibérale ! Dès leur arrivée sur le tarmac, les hommes d’affaires ne côtoient pas que des autochtones, mais aussi des domestiques originaires des Philippines ou d’Indonésie, des employés en tout genre et en provenance de la Malaisie voisine. Par ici, les affaires, y compris les plus modestes d’entre elles, concernent tout le monde. Nantis et démunis.

 

« Il faut faire vite pour tout voir » est le traditionnel leitmotiv du commercial pressé d’en découdre en journée et d’en profiter une fois le soir venu. Il n’a pas de temps et encore moins d’argent à perdre. Son métier n’a qu’un seul mot d’ordre : gagner. Alors rien ne pourra arrêter son objectif (chiffré ou non) et briser sa détermination professionnelle. Car même s’il se promène le nez à l’air, il reste un professionnel, il est tout de même payé pour ça ! Par exemple, « faire Singapour en 3 heures » (comme l’idée de « faire l’Indonésie en 3 jours » dans d’autres cas ; pour rappel, l’Indonésie s’étend d’est en ouest sur une distance équivalente allant de l’Irlande au Kazakhstan) est un jeu d’enfant pour lui qui, parce qu’il porte fièrement sa cravate, se croit un adulte responsable. Une sorte de missionnaire de la religion capitaliste. Mais ne le sous-estimons pas. Rien n’arrête la ferveur du businessman en déplacement, surtout pas sa croyance dans la croissance et dans le bien-fondé de sa haute mission commerciale. Même petit joueur, il est un VIP en devenir, un efficace porte-parole de la diplomatie en vacances. Il ne représente pas seulement sa boîte, mais aussi son pays d’origine, celui de son enfance et de sa culture, certes réduite à peau de chagrin. Surtout s'il s'apparente à un vulgaire numéro de série du genre humain.

 

Aussi, même si sa boîte est une multinationale américano-japonaise et, quand de retour le week-end à Paris, sa culture se résume à voir le dernier Bruce Willis au ciné des Halles puis d’emmener après la messe dominicale les gosses à Eurodisney à Marne-la-Vallée, il s’avoue fier de ce qui lui reste de son identité de franchouillard. Quand son collègue lui demande s’il n’est pas trop américanisé, il répond que « non », et d’ajouter sûr de lui : « c’est pour ça que je préfère aller à Eurodisney ». On savait que l’Europe est mal en point, mais tout de même. On sait maintenant que, pire que l’Europe, il y a les Européens. Certains du moins, et parmi eux pas mal de Français.

 

Singapour donne le tournis. Magie et fascination, pour mieux masquer le fascisme rampant dans sa version orientale. Libérée des affres de l'Etat-providence, la fureur de l'argent peut sévir impunément. Sur la très prisée Marina Gardens Drive, au cœur du complexe commercial du non moins fameux « Gardens by the Bay », le cocktail « Sex on the Beach » – tout un programme ! (mais bien trop ambitieux et même dangereux pour la prude cité confucéenne) – ne coûte pas moins de 22 dollars singapouriens (soit près de 14 euros). Les consommateurs du lieu, c’est vrai, sont plutôt des hommes d’affaires aisés (qui bientôt emprunteront aussi la nouvelle route de la Soie ré-imaginée par les Chinois) que des routards égarés (qui, de leur côté, n’ont pourtant plus grand-chose à voir avec leurs devanciers hippies qui s’étaient perdus au cours des Seventies dans les effluves de la route des Z’indes).

 

Marina Bay vend du rêve et promeut l’image de la Cité-Etat, mais jamais du vice. Sauf s’il est discret, secret, libéralisé et VIP. La ville a une réputation à défendre. Il n'empêche que la prostitution officielle fleurit tranquillement à l'ombre du pouvoir. À Singapour, il existe ainsi une prostitution d'Etat, placée sous le strict contrôle des autorités, mais ouverte à l'avidité des prédateurs-proxénètes privés, bref pour le meilleur (suivi sanitaire des prostituées) et pour le pire (libéralisation du secteur et essor problématique des diverses formes de prostitution, de luxe, clandestine, étrangère, etc.).

 

Etrange Singapour. Si les hommes d’affaires du monde entier peuvent s’amuser avec des escorts évidemment de classe internationale, la sexualité des jeunes singapouriens est contenue et reste même une quasi secrète affaire d’Etat. Dans cette cité ultra propre – surnommée « la Suisse de l’Asie » – un brin orwellienne il faut bien l’avouer, l’intimité est sous contrôle, tout comme tous les débordements suspects ou critiques émanant de citoyens contestataires… Les réfractaires sont filmés, taxés, réprimandés. Partout en ville s’affichent les interdictions et le montant des amendes aux contrevenants.

 

En 2015, pas moins de 700 entreprises françaises sont installées à Singapour. Ici, pas ou peu de taxes, des charges patronales trois fois moins importantes qu’en France, de l’ordre, du boulot, et un petit pays composé de petits propriétaires. Si l’éducation est le pilier de cette société drastiquement confucéenne (avec des enseignants parmi les mieux payés du monde, une belle performance !), l’Etat-providence n’existe pas et les seniors partent à la retraite seulement quand leur corps trop vieux devient inutilisable, improductif et inefficace. L'ultralibéralisme dans toute sa splendeur.

 

Certes, l’image de belle réussite colle à la cité, avec le confort et la sécurité à tous les étages des barres d’immeubles plus propres que les rues du XVIe arrondissement parisien : dans cette nouvelle « cité idéale », les habitants – 85% d’entre eux sont propriétaires – préfèrent manifestement la stabilité à la démocratie. On ne manifeste pas, on bosse, et plus on bosse moins on pense, c’est la norme. Il n’empêche que ce paradis capitaliste est un enfer pour les trimeurs de base, tous les ouvriers immigrés, notamment dans les métiers du bâtiment. En décembre 2013, des émeutes d’ouvriers indiens aux conditions de travail lamentables brisent quelque peu cette vision idyllique, sans enrayer le fonctionnement du modèle bien rôdé.

 

Dans cette société parfaite, vouée à la compétition dès le plus jeune âge, l’Etat-entreprise, où tout ou presque repose sur la méritocratie, est d’une redoutable efficacité au prix d’une mise sous le boisseau des libertés fondamentales, des droits de l’Homme, de l’indépendance de la presse, de la liberté d’expression et du respect de l’individu… Pourtant, « progressons ensemble vers le bonheur » clame fièrement l’hymne national, chanté en chœur tous les matins par tous les élèves modèles dans toutes les écoles du pays. Derrière un vernis démocratique, forgé grâce à la seule réussite économique et soutenu par le mythe des trop célèbres vertus des « valeurs asiatiques » chères à Lee Kuan Yew, le pays est aujourd’hui très inégalitaire, avec une opposition politique totalement bâillonnée, avec des vieux ou des personnes handicapées en train de trimer dans des fast-food ou sur les trottoirs afin d’assurer leurs vieux jours. De quoi choquer le voyageur de passage dans cette cité magnifique et clinquante où vit la plus grande proportion de millionnaires au monde.

 

Il faut ajouter que le pays est et vit entièrement sous surveillance, avec des caméras à tous les coins de rue, jusque dans les toilettes ; les amendes pour interdictions à tout-va pleuvent pour tout et n’importe quoi : l’équivalent de 700 euros pour une cigarette éteinte un peu trop tard une fois entré dans une zone non-fumeur, ça fait cher payé le mégot ou clope de trop ! Partout, c’est le règne de la peur. Une peur qui à la foi fige et oriente. Le Singapourien, hélas, s’en accommode totalement, ne préférant voir que les seuls avantages d’une société consumériste basée sur l’argent, la méritocratie et le nationalisme. En effet, le concept singapourien de « défense totale » est présent à tous les niveaux, de l’école à l’entreprise en passant par la maison ou le quartier. La délation est d’ailleurs un sport national.

 

Invisible, la police est néanmoins partout… puisque chacun surveille son voisin, les milices qui régisses les quartiers sont à la mode et entretiennent la fibre patriotique. Il y a quelques mois, deux tagueurs allemands en vacances, ayant salement tagué une rame complète de métro, ont été condamnés à neuf mois de prison ferme et à trois coups de bâton… Le futurisme de la ville de demain voisine sans rougir avec des habitudes qui remontent au Moyen Age. Encore un paradoxe de cet Etat autoritaire, garant d’une stabilité douteuse et fondée sur la peur généralisée. Une peur balisée et banalisée, hypothéquant toute colère qui gronde...

 

 

Police partout, justice nulle part... & no sex in the city !

 

 

On l'a vu, la police est partout, même si plutôt invisible car alimentée fortement de la délation des habitants, miliciens zélés pour la plupart d'entre eux, et la justice est nulle part, puisque sous ses atours faussement démocratiques elle est entièrement aux ordres d'un pouvoir politique aux mains d'un parti unique qui ne dit pas son nom: le PAP ou People's Action Party. Comme pour la cité du Vatican, la cité du Lion a son PAP, et il règne, lui aussi, en maître absolu. Gare aux originaux, aux subversifs, aux rebelles, aux opposants.

 

Ce qui vaut pour la politique vaut pour le sexe. À Singapour, l’abstinence sexuelle avant le mariage est officiellement promue par le gouvernement ; l’hétérosexualité est exigée et donc obligatoire pour les enseignants de ce pays-ville très conservateur. Un paradoxe supplémentaire pour une cité à la fois traditionnelle et moderne, où une jeunesse aspire désormais – surtout que le « père » autoritaire de la nation, Lee Kuan Yew, n’est plus de la partie (mort en mars 2015, il a eu droit à des funérailles en grandes pompes, de quoi aussi raviver le nationalisme) – à desserrer les verrous du conservatisme. Dans ce temple de la consommation, c’est la famille traditionnelle qui, aux yeux des autorités singapouriennes, doit rester le pilier de la société, plus confucéenne et patriotique que jamais.

 

Ville clairement dédiée à la marchandisation, Singapour est une cité prude. Tout ce qui touche de près ou de loin au sexe est perçu comme étant vulgaire ; pourtant, rien n’est plus vulgaire que les orgies permanentes que dévoile sans cesse, dans les rues, au bureau ou à la maison, sans parler des interminables et très minables shopping center qui pullulent dans la cité, le capitalisme le plus cru et le plus sauvage qui soit… La question qui s’impose pourrait et devrait même être celle-ci : du sexe ou du capitalisme, lequel est supposé nous procurer le plus de plaisir ? Vous je ne sais pas. Moi, j’ai bien une idée de réponse, et je crois bien que Singapour ne partage pas le même choix…

 

Finalement, le seul sexe digne d’apparaître sous le ciel singapourien est celui qui, sous strict contrôle des autorités, est managé par la publicité et le business. En septembre 2015, j’apprends une information extrêmement importante pour l’avenir de l’humanité. Je vous la révèle, bande de veinards, la voici : Kristin Davis, alias « Charlotte », l’une des héroïnes de la série « Sex in the City » présente l’A380 de British Airways. J’espère que ce scoop ne vous a pas fait bondir de votre siège ! Poursuivons cette révélation hors du commun en citant les propos de l’actrice-passagère sur le vol Londres-Singapour : « Je voyage beaucoup, pour le travail et le plaisir ! ». Whouah, il fallait oser !

 

Des propos que partagent des milliers d’hommes d’affaires qui s’envoient en l’air avec ou sans British Airways. Des businessmen qui redescendent aussi volontiers sur terre pour faire des affaires, et même, venu le joyeux temps du repos du guerrier commercial, pour s’envoyer en l’air bien à terre. Les hommes d’affaires restent des hommes. Très terre-à-terre. De la terre à la mer, ce n’est pas qu’une histoire d’eau. Mais d’abord de retour à la Terre-Mère.

 

Finissons par une note d'optimisme. Vivement que les femmes prennent le pouvoir ! Et qu’elles restent surtout des femmes pleines de vie, de vitales libertés, sans se transformer en d’horribles femmes d’affaires. Qu'en pensent les Singapouriennes ?

 

 

 

Photos 1, 2 & 3 : A Singapour, le sexe est fermement proscrit sauf pour alerter sur ses dérives potentielles ou pour mieux vendre des produits de toutes sortes. Panneau gigantesque placé au cœur de la ville, et un bel exemple de la schizophrénie du capitalisme asiatique (photos de 2012, sauf photo 3, de 2008). Toutes les photos de cette chronique sont consacrées à la Cité-Etat de Singapour.

Photos 4 & 5 : interdictions singapouriennes (photos de 2012 et 2008)

Photos 6 & 7 : le tourisme de shopping, ou l’avenir doré du voyage commercial de masse, avec Singapour comme l’une des places fortes de la planète business (photos de 2012 et 2008)

Photos 8 & 9 : paysage urbain, entre logements sociaux, centres d’affaires et maisons traditionnelles artificielles… Mais aussi quelques espaces de respiration comme dans ce temple taoïste par exemple, Singapour la cité du futur ? (photos de 2012 et 2008)

Franck Michel vit à Strasbourg et à Bali. Il est anthropologue et enseignant. Il est l'un des spécialistes de la «route», du voyage, du tourisme.

Il a déjà publié plusieurs livres sur ces thèmes. 

Il est par ailleurs co-fondateur et co-directeur de « La croisée des routes ».

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